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Le mouvement Dada

Max Ernst - Au rendez-vous des amis 1922
Assis de gauche à droite : René Crevel, Max Ernst, Dostoievsky, Théodore Fraenkel, Jean Paulhan, Benjamin Péret, Johannes Baargeld, Robert Desnos. Debout : Philippe Soupault, Jean Arp, Max Morise, Raphaël, Paul Éluard, Louis Aragon, André Breton, Giorgio de Chirico, Gala Éluard

Art abstrait 4/4

Ce que la Grande Guerre a fait à l'art abstrait.

Cécile Debray, conservatrice et commissaire d'exposition, spécialiste de l'art moderne.
Claire Garnier, commissaire de l'exposition "1917" au Centre Pompidou-Metz.
Laurence Bertrand-Dorléac, professeur d'histoire de l'art à Sciences Po.
Itzhak Goldberg, professeur en histoire d'e lart à l'université Jean Monnet, Saint-Etienne, spécialiste de l'histoire de l'art XXème siècle.

Excellente émission radio de France Culture du 4 décembre 2014

Dada : ces cinglés qui voulaient tout détruire

Ils étaient anarchistes, apatrides, hostiles à toute forme d'abrutissement social. C'est dire si les dadaïstes nous manquent aujourd'hui.

Le 23 juin 1916, au Cabaret Voltaire, à Zurich, un type habillé d'un drôle de costume «cubiste», monte sur scène, et commence à réciter d'une voix monocorde un poème incompréhensible, suite d'onomatopées parfaitement calculées. La salle est bondée, des cris et des rires fusent, le type continue, impassible, plus sérieux qu'un pape, et scande sa partition dont vous ne trouverez la clé nulle part. Il s'appelle Hugo Ball. Dada est né.

Dada ? En pleine boucherie de la Première Guerre mondiale? Pendant que des poilus héroïques se battent dans les tranchées? Que la France et l'Allemagne s'égorgent et se gazent? Qui sont ces déserteurs et ces réfractaires, dont personne, aujourd'hui, en pleine commémoration morbide, ne songe à prononcer le nom?

Des fous, des agités, des étrangers apatrides, qui ont choisi le nom de leur mouvement contre l'art et la société, au hasard, dans un dictionnaire. «Dada»! A-t-on idée? Ecoutez cet autre cinglé du nom de Tzara: «Il nous faut des oeuvres fortes, droites, précises, à jamais incomprises.»

"Merdre!"

Vous n'allez pas me dire que ces manifestants déterminés et absurdes vont connaître un retentissement mondial? Et pourtant, si, la Terre tourne autrement depuis cette époque, des cassures importantes s'étaient déjà produites partout. On aurait dû se méfier davantage de ce Jarry, avec son «Ubu» et son cri de guerre lancé à la face du vieux théâtre pourri:«Merdre!» Aucune voix ne reprend ce slogan de nos jours, c'est étrange.

C'est parce que la foule est une masse inerte, incompréhensive et passive, qu'il faut la frapper de temps en temps, pour qu'on connaisse à ses grognements d'ours où elle est - et où elle en est. Elle est assez inoffensive malgré qu'elle soit le nombre, parce qu'elle combat l'intelligence. [...]

Philippe Sollers dans Le Nouvel Observateur du 27 février 2014

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Mouvement Dada

Mouvement intellectuel et artistique qui apparut à New York et à Zurich (1916), se diffusa en Europe jusqu'en 1923 et exerça, par sa pratique subversive, une influence décisive sur les divers courants d'avant-garde. (On dit aussi dadaïsme.)

Dada, mouvement international d'artistes et d'écrivains, est né d'un intense dégoût envers la guerre qui signait à ses yeux la faillite des civilisations, de la culture et de la raison. Terroriste, provocateur, iconoclaste, refusant toute contrainte idéologique, morale ou artistique, il prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre. Paradoxalement, son activité de déconstruction et de destruction des langages (verbal et plastique) se traduit par des oeuvres durables qui ouvrent certaines voies majeures de l'art contemporain.

Non-sens et provocation

À Zurich, le 8 février 1916, au cabaret Voltaire, Hugo Ball, Tristan Tzara, Marcel Janco, Richard Huelsenbeck, Hans Arp, Emmy Hennings, puis Hans Richter président au baptême de Dada. Le nom, dit la légende, aurait été cueilli au hasard dans le Petit Larousse ou, à l'aide d'un coupe-papier, dans les pages d'un dictionnaire franco-allemand. À l'origine, il s'agit de résister au dépérissement de l'esprit en mettant en relation les diverses avant-gardes artistiques européennes. La revue Cabaret Voltaire se propose « de rappeler qu'il y a, au-delà de la guerre et des patries, des hommes indépendants qui vivent d'autres idéals » (H. Ball).

La revue Dada poursuit ce programme en intégrant les données de l'expressionnisme allemand et du futurisme italien jusqu'au numéro 3, où le Manifeste Dada 1918 de Tzara, en rejetant toute équivoque avec l'art moderne, enregistre le tournant révolutionnaire de cette entreprise collective: « Il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer. » Ces propos rencontrent la vive approbation de Francis Picabia, alors en Suisse, qui, depuis sa scandaleuse exposition de l'Armory Show, à New York avec Marcel Duchamp (1913), répandait des idées aussi subversives, dans sa revue 391. Ainsi s'opère la jonction avec le groupe de New York où sont Man Ray et Duchamp, dont le propos est d'introduire un humour froid et mathématique dans la vie.

Dada trouve son champ d'action principal à Paris, de 1920 à 1923, quand, à l'invitation de Picabia, Tzara s'y installe, attendu « comme le Messie » par les animateurs de Littérature (Aragon, Breton, Soupault). Les esprits avaient été préparés par Arthur Cravan, Jacques Vaché et les revues Sic de P. Albert-Birot, Nord-Sud de Reverdy. De soirées en expositions et manifestations, Dada déploie sa dramaturgie scandaleuse, répand une multitude de tracts et de revues aussi inventives qu'éphémères, dont la typographie et la mise en pages éclatent à l'oeil, et rallie les talents divers d'Éluard, G. Ribemont-Dessaignes, B. Péret. Des dissensions, une tentative prématurée d'A. Breton pour réunir un congrès devant définir l'esprit moderne (Congrès de Paris, 1922) marquent la fin d'une phase agressive du mouvement qui se survit jusqu'à la soirée du « Coeur à barbe » (1923), où une pièce de Tzara est donnée comme un spectacle artistique.

Un mouvement cosmopolite

À la fin de la guerre, en Allemagne, Dada eut un sens plus politique. Retour de Zurich, Huelsenbeck fonde, à Berlin, le Dada Club (1918-1921) avec la participation de Raoul Hausmann, Hanna Höch, Franz Jung, George Grosz, les frères Hertzfelde : il s'attaque violemment à la bourgeoisie et au conformisme de Weimar, organisant une vaste exposition internationale et des tournées de conférences. Se proclamant « Super-Dada », un isolé, Johannes Baader, provoque la Diète elle-même. Inventeurs du photomontage, les dadaïstes berlinois se donnent, par ce moyen, une forme d'expression politique. À Cologne, Hans Arp, Max Ernst, Baargeld fabriquent des collages (Fatagaga), où le hasard, pénétrant les signes, les fait éclater aux confins du rêve. À Hanovre, Kurt Schwitters concilie, dans sa revue Merz, le constructivisme avec Dada, dont il prolonge l'effet au-delà de 1924, avec son Merzbau, architecture d'intérieur faite de détritus amoncelés.

De Zurich, Dada essaime en Italie avec Julius Evola à Rome, Gino Cantarelli et Aldo Fiozzi à Mantoue, autour de la revue Bleu, en Hollande avec Théo Van Doesburg et la revue Mecano. Il a des adeptes à Bruxelles (Pansaërs), à Zagreb (Dadatank), en Pologne, en Hongrie, en Espagne, jusqu'au Japon (Takahashi Shinkichi).

Une dramaturgie fondée sur l'opposition

En dépit de son aura légendaire, Dada ne saurait être limité à une chronique scandaleuse, à une suite de gestes désespérés, encore moins à un ensemble de techniques artistiques nouvelles (qu'il a pourtant découvertes comme le frottage, le collage, le photomontage, les ready-made) : «Le dadaïsme n'a jamais reposé sur aucune théorie et n'a jamais été qu'une protestation», dit Tzara. Mais ce mouvement, qui refuse tout système, évite de se laisser brider par un principe de négation absolue : «Pas de pitié, il nous reste après le carnage l'espoir d'une humanité purifiée», déclare encore Tzara, ce qui le range du côté de la vie, définitivement.

Que ses produits les plus éphémères soient exposés dans les musées, conservés par le livre et les réimpressions n'a rien de surprenant : c'est qu'ils portent témoignage des valeurs inhérentes à l'homme créateur. Comme l'avait pressenti Jacques Rivière, Dada a su « saisir l'être avant qu'il n'ait cédé à la compatibilité, l'atteindre dans son incohérence, ou mieux, sa cohérence primitive ». Dégager les traits essentiels de ce mouvement cosmopolite, dont le gosier de métal parle toutes les langues, revient à choisir parmi cette incohérence voulue, cette ambivalence assumée, et à figer une pensée et une action instables, en « mouvement », comme le voulaient ses protagonistes. Pourtant, on peut repérer les invariants d'un comportement et d'un discours aussi variables que les personnalités le composant.

Tout d'abord, Dada ne se conçoit que dans un rapport d'opposition au public, et particulièrement à cette frange de la bourgeoisie qui se pique d'aimer l'art et les artistes. Non sans duplicité, il l'attire, le flatte pour lui assener les coups les plus vigoureux et détruire ses plus chères illusions, accouchant de l'homme nouveau dans la douleur, faisant table rase du passé (« Je ne veux même pas savoir s'il y a eu des hommes avant moi », proclame Dada 3, d'après Descartes), variant ses discours au gré des interlocuteurs. Dès que ceux-ci ne protestent plus, comme A. Gide et J. Rivière disant leur Reconnaissance à Dada (NRF, 1920), il lui faut changer d'attitude, tant son comportement est tributaire de l'organisation sociale qu'il pense dissoudre. Pour ce faire, il s'attaque principalement au langage. Il déconstruit le poème ainsi que tous les genres convenus. Quand Tzara proclame « La pensée se fait dans la bouche » (Sept Manifestes dada, 1924), il souligne la fonction créatrice de la parole, son caractère inné, par opposition au discours logique préconstruit.

La poésie, ainsi comprise, est l'expression de la vie elle-même, une manière d'être. Toute l'activité de Dada est poétique, qu'elle passe par le canal du geste incongru (mettre des moustaches à la Joconde comme M. Duchamp : L. H. O. O. Q.), du poème à rebours (Picabia : Poésie ron-ron), du pastiche de Fénelon (Aragon : les Aventures de Télémaque), de l'interférence des rythmes (Tzara : Vingt-Cinq Poèmes) ou même qu'elle soit dans le seul fait d'exister (chez Théodore Fraenkel ou Jacques Rigaut). Plus tard, Tzara fera observer que « la poésie est partout », ajoutant : « On peut être poète sans jamais avoir écrit un vers. » Et Tzara justifiait l'écriture par la formule : « On écrit pour chercher des hommes. »

S'exprimant essentiellement par la voix d'un groupe non hiérarchisé (« Tous les Dada sont présidents ») qui ne se reconnaît pas de porte-parole, Dada en vient à susciter une dramaturgie fondée sur le scandale, l'agression du public, inventant de nouveaux rapports entre la scène et la salle, qu'il ramène encore à la poésie par le biais du geste et du cri. Cependant, s'il est parfaitement à l'aise dans son jeu consistant à faire éclater les formes traditionnelles de l'art, Dada ne réussit pas à modifier le lieu théâtral : une manifestation dans le terrain vague de Saint-Julien-le-Pauvre est un échec, et la dialectique de la provocation est vite dominée par le sérieux lors du procès Barrès (1921). On est en droit, dès lors, de parler d'un théâtre Dada avec les sketches de Breton et Soupault (S'il vous plaît, Vous m'oublierez, 1920), les pièces parfaitement construites de G. Ribemont-Dessaignes (le Serin muet, l'Empereur de Chine, 1916 ; le Bourreau du Pérou, 1926), les collages verbaux de Tzara dans la Première puis la Deuxième Aventure céleste de M. Antipyrine et le Coeur à gaz (1921).

Ces différentes pratiques orales, scripturales, verbales revendiquent un monde autre, fondé sur une logique nouvelle (rejetant le principe du tiers exclu), aspirant à une morale de la création pour tous. Incidemment, le sort fait à l'incohérence ouvrira toutes grandes les écluses de l'inconscient, que le surréalisme explorera de façon systématique en prenant pour point de départ l'écriture automatique, dans les Champs magnétiques (1919) de Breton et Soupault.

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/mouvement_dada/115416

Picabia - Le mouvement Dada

Dada à New York


Tristan Tzara

Pour faire un poème dadaïste

Prenez un journal
Prenez des ciseaux
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l'article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre dans l'ordre où elles ont quitté le sac.
Copiez consciencieusement.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voici un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire.


Le mouvement Dada : De l'anti-art à l'art

Dada fut beaucoup plus une riposte à une situation historique, sociale, politique qu'à une phase précise de l'histoire de l'art. Et même lorsque Dada semble ne parler que de l'art, il vise aussi autre chose : une certaine idée de l'ordre, du rationnel, de la logique, une certaine conception de la morale, une certaine image de la société et du bon sens. Et c'est d'emblée cette position agressive à l'égard de l'art qui le sépare des autres avant-gardes. Les critiques à son égard sont d'autant plus exacerbées qu'il refuse, dès cette époque, toute intégration dans un chapitre de l'art moderne.

Pourtant si Dada disparaît de la scène historique après 1923, son esprit a survécu en d'innombrables métamorphoses : aux États-Unis, qu'il s'agisse de Néo-Dada (Robert Rauschenberg, Jasper Johns) du pop'art (Roy Lichtenstein, Claes Oldenburg, Andy Warhol) ou du happening (John Cage), et en Allemagne et aux États-Unis le mouvement Fluxus (Joseph Beuys, George Maciunas), pour ne citer que les plus importants, en prolongent l'esprit. On n'en finirait pas de montrer tout ce qu'ils doivent à Duchamp et à l'esprit dada. Enfin, même en France, à travers les Nouveaux Réalistes (Tinguely, Hains, Arman, Yves Klein), Ben, le situationnisme ou le post situationnisme, comment ne pas déceler la permanence d'un certain esprit dada ? Si les manifestations dadaïstes zurichoises ressemblent davantage aujourd'hui à des canulars de collégiens, il y a aussi un esprit de révolte absolu, une volonté de rupture, une soif d'authenticité, un immense éclat de rire que nous a légués le mouvement Dada et qui, comme un élixir magique, confère à ses représentants, les « vieillards-dada », une éternelle jeunesse.

Jean-Michel PALMIER
Le mouvement Dada - 1 / 7

DADA

DADA. On appelle Dada le mouvement intellectuel et artistique qui, né à Zurich en 1916, s'est étendu à l'Allemagne, la France et les Etats-Unis. Il a perdu sa virulence à partir de 1923 et s'est fondu, en France, dans le surréalisme. Il doit son nom à Tzara, qui l'aurait inventé en feuilletant au hasard un dictionnaire. On lui doit aussi ces définitions : "Dada place avant l'action et au-dessus de tout : le doute. Dada doute de tout. Dada est tatou. Tout est Dada. Méfiez-vous de Dada." Et : "Nous ne reconnaissons aucune théorie. Nous avons assez des académies cubistes et futuristes : laboratoires d'idées formelles. Fait-on l'art pour gagner l'argent et caresser les gentils bourgeois ?" [...]

GUERRE. Dada naît pendant et contre la première guerre mondiale, durant les massacres de la Somme (1916) et avant les mutineries de 1917. Zurich était le refuge des exilés et des pacifistes. L'antipatriotisme déclaré des dadaïstes allemands et français après l'armistice leur valut la haine des ligues d'anciens combattants.

HASARD. Aux méthodes réputées savantes des artistes "sérieux" formés dans les académies, Dada oppose la danse avec le hasard. Arp déchire des morceaux de papier et les fixe dans la position où ils ont glissé. Tzara conseille, pour faire un poème, de tirer d'un sac des coupures de journaux et de les copier dans l'ordre de leur apparition.

LIVRES. L'exposition a suscité une foule de réimpressions de textes dadaïstes et d'historiens ­ - dont le Dada à Paris de Michel Sanouillet (CNRS, 652 p., 35 euros) ­ - et la parution d'ouvrages d'initiation, parmi lesquels Dada libertin et libertaire de Giovanni Lista (L'Insolite, 274 p., 85 euros) et un colossal catalogue aux notices de qualité (Éditions du Centre Pompidou, 1 024 p., 39,90 euros). [...]

Philippe DAGEN - Article paru dans Le Monde du 06.10.05

Sujet : Encyclopédie littéraire: dadaïsme

Mouvement international qui réunit dès 1916 des artistes ayant en commun le dégoût de la guerre, responsable de la crise des valeurs qu'ils vivaient. Revendiquant le droit à la liberté de l'art, leur révolte tendit vers une désagrégation des langages verbaux et plastiques.

Commentaire

Le dadaïsme naquit le 8 février 1916, au cabaret Voltaire, à Zurich. Si l'on en croit l'anecdote, le nom de « dada » aurait été trouvé en ouvrant au hasard un dictionnaire Larousse avec un coupe-papier. Autant dire que, ne voulant rien dire, il est à lui seul un manifeste.

Dès ce moment, un vaste mouvement de convergence s'opéra entre les dadaïstes suisses, les futuristes italiens, les expressionnistes allemands. Il gagna Paris où l'attendaient des peintres comme Picabia et des écrivains comme Breton, Aragon et Soupault.

Agressif et novateur, le dadaïsme ne se résume pas à ses seules provocations : photomontages, collages, ready-mades, etc. Les rythmes particuliers de Tzara, les poèmes à rebours de Picabia et les pastiches d'Aragon ne sauraient faire oublier qu'il ouvre une nouvelle voie à la création littéraire et qu'il donne naissance au surréalisme.

Citations

Dada ne signifie rien. (Sept manifestes dada, Manifeste dada, 1918)

Dada, bien qu'il eût eu, comme on dit, son heure de célébrité, laissa peu de regrets : à la longue, son omnipotence et sa tyrannie l'avaient rendu insupportable. (André Breton, Les pas perdus)


Dadaïsme

Le dadaïsme fait référence à un mouvement artistique qui critique la culture et qui connaît ses débuts au "Cabaret Voltaire" de Zurich en 1916. Le terme "dada" est un terme dérivé du langage enfantin français ; apparemment, Hugo Ball aurait été confronté à ce terme en feuilletant par hasard un dictionnaire. Ces deux caractéristiques, l'absurdité ainsi que le hasard, représentent déjà les signes distinctifs les plus importants du dadaïsme. Les dadaïstes s'opposent aux structures culturelles et aux structures en place dans la société à leurs yeux désuètes, mais ils protestent surtout contre la guerre dont ils désirent manifester l'absurdité. L'art des dadaïstes est l'art du non-sens, c'est pour ainsi dire un anti-art dont les contenus sont consignés dans le manifeste de Tristan Tzara : le terme d'art est soumis à des expériences et les objets du quotidien sont déclarés objets d'art, par ailleurs, les frontières entre les genres artistiques disparaissent. Lors de représentations théâtrales, des comédiens, souvent aux costumes absurdes, présentent des concerts faits de bruits, des danses grotesques ainsi que des poèmes composés de bribes de conversation assemblées de manière incohérente et sans aucun sens. Tous ces événements doivent provoquer le spectateur et faire office de miroir. La machine est le leitmotiv de l'artiste dada, cette dernière n'est cependant pas, contrairement aux futuristes, célébrée mais symbolise une situation en état d'échec dans la société.

Le coeur du courant s'étend bientôt de Zürich à toute l'Europe et même aux Etats-Unis mais se distingue par les accents respectifs : tandis que l'on s'intéresse par exemple à New York à la position de l'art moderne, les dadaïstes allemands s'intéressent plutôt à la crise survenue dans la société de l'Allemagne d'après-guerre. En France, les affinités du surréalisme tardif avec l'art dadaïste peuvent être expliquées par la mécanisation des processus subconscients.

Les représentants du dadaïsme sont Hans Arp, Johannes Baader, Hugo Ball, Marcel Duchamp, Max Ernst, Hannah Höch, Francis Picabia, Kurt Schwitters et Tristan Tzara.

Art Directory

Le Mouvement DaDa ou la Transgression en marche 2

C'est en 2005 que le Musée Georges Pompidou organise une des plus grandes rétrospectives que l'on ait consacrée au mouvement Dada, et à tous les artistes qui de près ou de loin s'en réclamaient.

Je me permets de publier ici les pages du catalogue qui fut alors édité par le Musée et qui représente l'un des plus beau travaux qui ne fut jamais réalisé de mémoire de muséographe. À la fois chrono-logique et alphabétique, le livre retrace le cheminement d'une époque difficile puisqu'elle démarre un peu avant la Drôle de Guerre (14-18) et se prolonge un peu après.

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par Peter Gabor | directeur d'e-artsup | 1er juin 2010